Perdu...

Noerazu se disait qu'il commençait très mal son année. Mais alors, vraiment mal.

Déja, il n'avait quasiment rien suivi de la cérémonie, s'étant contenté de bondir jusqu'au choixpeau, de se faire répartir et de rejoindre sa table. Tout le monde semblait amical, mais il y avait trop de bruit et d'émotions qui bruissaient pour lui permettre de repérer qui que ce soit d'abordable pour une discussion. Ses yeux le picotaient désagréablement, comme à chaque fois qu'il retransmettait en live à Lanotolé tout ce qu'il voyait, et les lumières vives de cette soirée ne l'aidaient guère.
En fin de compte, tout le monde se leva, avec plus ou moins de grâce, plus ou moins de rapidité, et commença à suivre les préfets.

Ce n'était vraiment pas le moment de commencer une conversation avec son jumeau... Après avoir échanger leurs impressions sur leurs écoles respectives, Lano alla dormir, et Noerazu se rendit compte... qu'il s'était perdu.
Il plaidait non coupable, mais comment expliquer que son frère parasitait son esprit à qui que ce soit? Ce serait un aller simple pour l'hopital.

Résigné à dormir dans l'escalier, il fut surpris lorsque celui-çi se mit à bouger, et fut en un temps record sur le palier du 1er étage, blanc comme un linge. Pas de manèges improvisés après un diner pareil.

*Je fais quoiii, Lano?*
*Tu... Jerk! Tu dors!*
*Sur un sol pareil? Je vais avoir des bleus partout!*
*Noe, j'essaie de dormir, j'ai entrainement de Quidditch demain!*
*Tu peux pas jouer au Quidditch...*
*Ouais, mais je veux dormir!*

Noerazu soupira et s'assit sur les pierres froides, calant son visage entre ses mains. Avec un peu de chance, des élèves en mal de bétises à faire passeraient par là... Sinon, il se rendrait dans la grande salle au matin.

Narcissa se félicitait que ses parents ne soient pas la, sans quoi son pere l'aurait incendié pour etre dans cette maison. Elle, elle s'en fichait, la plupart des serpentards avaient mal fini, et les poufsouffles semblaient tous sympathiques. Les filles de son age ne manquaient pas, et elle passait une soirée agréable, sous un faux ciel étoilé. Si ca ne méritait pas de jouer un peu de guitare, ça...

Elle suivit les autres élèves hors de la salle, reçu son mot de passe pour pénétrer dans son dortoir, mais la gueule béante des sous-sols ne lui disaient rien qui vaille. Non, elle n'avait pas peur du noir. Mais avouer que descendre dans des catacombes à une heure avancée de la nuit, lorsque vous êtes fatigués et sur les nerfs à cause de tout ce que vous venez de vivre, ce n'est pas forcément tentant.

Elle fit donc semblant de relacer sa chaussure, attendit que les derniers première année aient disparu dans le noir, et se décida à explorer un peu son nouveau terrain de jeu.
Son propre manoir n'était pas aussi grand, mais elle était certaine que celui-ci avait des tonnes de secrets qui n'attendait qu'elle pour être découverts.

Ayant exploré le hall, et regardé la grande porte d'un air sceptique (toutes ces chaines et ces verrous, ca faisait un peu surchargé), Narcissa finit par se décider à jeter un coup d'oeil dans les étages, avant de redescendre dormir.

Mais elle n'avait pas vu le jeune homme assis sur le bord du palier, ce qui lui causa une belle frayeur, et transforma ses cheveux en verts. Remise de ses émotions, elle se moqua d'elle même, il ne s'agissait que d'un Poufsouffle qu'elle avait vu à la cérémonie.
Sans prévenir, elle s'assit à coté de lui, et le poussa d'un coup d'épaule, pour voir s'il se réveillait.

Noerazu révassait, la tête dans les nuages, lorsqu'une secousse dans l'épaule lui remit les idées en place.
Il releva la tête en vitesse, ouvrant des yeux ronds, et regarda ce qui venait de le pousser.

Il tomba alors nez à nez avec une jeune fille aux cheveux verts-roses, qui le regardait d'un air intrigué. Ne s'attendant pas à ce qu'elle soit aussi près, il se recula par réflexe, avant de s'arréter, et de la dévisager comme une bête curieuse. Qu'est ce qu'elle faisait là? Il ne savait pas de quelle maison elle pouvait être, mais sa tête ne lui disait pas grand chose.

Tout ce remue ménage attira l'attention de son frère, qui commença a le bombarder de questions. Pour le faire taire, il lui envoya l'image de la jeune fille, et reçut comme seule réponse:

*Ca? Mais c'est une fille, cette chose?*
*Sympa, tu m'aides bien sur ce coup là...*

Il resta sans rien faire d'autre, attendant que la punk lui parle, vu qu'il n'était pas vraiment connu pour engager les conversations...

Bon, elle avait eu sa réaction. Elle ne s'attendait certes pas à ce que le garçon s'éloigne d'elle comme si elle était Voldy incarnée, mais il y avait déjà du progrès.
Par contre, niveau discussion, il ne devait pas être bien net, pour se contenter de la fixer avec des yeux grands ouverts, certes très expressifs.
Et là, elle se dit que c'était peut être ses cheveux qui lui faisaient cet effet. Elle s'empressa donc de leur redonner leur couleur rose unie, s'attirant encore plus de regard de merlan frit de la part du jeune homme.

"Euh... Salut? Tu fais quoi tout seul, t'es à Poufsouffle normalement?"

Elle engagea la conversation d'une voix douce, comme pour les animaux effrayés, ne voulant pas qu'il lui saute à la gorge ou qu'il s'enfuie en courant. Ça ferait bien, pour sa première journée, qu'elle effraie déjà quelqu'un.

Noerazu regarda avec des yeux ronds la gamine changer sa couleur de cheveux. Il avait déja entendu parler des métamorphes, mais en rencontrer une en vrai, sans le savoir, c'était toujours un choc.

Et elle se mit à lui parler le plus naturellement du monde, comme si il était tout à fait normal pour elle de changer de couleur rien qu'en y pensant.
Certes, c'était tout à fait normal, mais quand même.

*Lano... je fais comment, elle me parle?!!*
*T'as rien pour écrire? Boulet! Bah tu prends ta baguette, tu bouges un peu ton cerveau de limace, et le tour est joué*
*J'ai promis à Papa de pas l'utiliser tout le temps...*
*Il en saura rien.*

Noerazu fit la moue, soupira et sourit à la jeune fille, en sortant sa baguette. Elle devait le prendre pour un drôle d'énergumène, mais tant pis.
Plissant le front, il se concentra sur ce qu'il voulait écrire, et agita sa baguette négligemment.
Bon, il en rajoutait un peu, mais c'était tentant de se la jouer.

[Je m'appelle Noerazu, je me suis perdu... ah et je suis muet, donc... t'es de Poufsouffle?]

Maintenant, restait plus qu'a espérer qu'elle ne parte pas en le traitant de cinglé.

Narcissa le regarda agiter sa baguette sans comprendre, et resta bouche bée lorsque des mots en sortirent, scintillants dans l'air. De la magie, ça? Elle avait toujours cru qu'il fallait dire la formule pour lancer un sort, mais lui n'en avait pas besoin apparemment.

Elle lut la phrase, et rougit, génée. Même si elle n'avait rien à se reprocher, elle se traitait d'idiote, à lui avoir parlé comme à un débile. Essayant de ne pas se prendre de pitié pour lui, ce qui saurait la dernière chose sensée à faire, elle hocha la tête, tout de même impressionnée que Noerazu parle de son handicap aussi facilement.

"Oui, j'suis à Poufsouffle. Je m'appelle Narcissa."

Un silence géné s'installa entre eux. Le brun ne paraissait pas vouloir réutiliser sa baguette, si bien que la jeune fille dut trouver un moyen pour lui parler.

"Dis, si tu veux, quand je te pose une question, tu me réponds par oui ou non, tu sais, en hochant la tête! Et si tu veux me dire quelque chose, et que tu veux pas sortir ta baguette, bah... utilise les signes, je pense que je me débrouillerais!"

Et elle se releva, lui tendant la main, en continuant:

"Allez, au lit! Je crois que demain, il y a des cours d'initiation, ça peut être sympa, mais seulement si on est pas crevés!"

Ouf, elle ne l'avait pas mal pris. Noerazu se détendit, et en fut surpris. Il n'avait pas à être tendu juste pour une rencontre de ce genre, tout de même. Mais c'est vrai qu'affronter le monde sans son jumeau était toujours un peu plus éprouvant.
S'il avait été la... il aurait fait les présentations, et taquiné Noerazu. Et se serait caché dans son dos.

Il s'ébroua mentalement, et adressa un autre de ces sourires à Narcissa, puisqu'elle se prénommait ainsi. Son idée le déconcerta sur le coup, car il avait pris l'habitude avec les domestiques de son père de se faire comprendre d'un seul regard.

Mais cela pouvait être sympa. Il hocha donc la tête, et regarda la main qu'elle lui tendait avec circonspection, avant de la prendre et de se relever souplement. Il hocha de nouveau la tête, agréant à sa proposition d'aller se coucher, se rendant compte que ses paupières se fermaient toutes seules.

*Vais me coucher, Lano... Bonne nuit.*
*Bonne nuit, frangin de mon cœur! Moi je commence les cours!*
*Tache de ne pas te faire remarquer..*
*Trop tard, j'ai déjà dévalé les escaliers!*

Il sourit de plus belle, imaginant la scène, et suivit avec entrain sa nouvelle amie punk jusqu'au dortoir.